Un des rares textes où l'auteur, un enfant d'Iol, semble avoir eu connaissance de l'existence de plusieurs âges. Les références qui y sont faites se retrouvent dans des textes et sur des oeuvres d'époques très éloignées. Ce texte est une excellente synthèse de l'évolution qu'a pu connaître la Genèse à travers les éons. Nous le reproduisons dans cet optique malgré les accusations d'hystérie qui ont pesé sur l'auteur après sa sortie.
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Au début, il y avait les Sept Dragons. Ils étaient tous frères et ne portaient pas de nom. Mais leur Oeuvre et leur Solidarité inspira les Hommes, et les plus sages et les plus imaginatifs de ces derniers nommèrent les Sept Frères et contèrent des histoires afin d'enseigner à leurs pairs.
Les Sept Dragons devinrent des Dieux. Ils furent les Premiers et les Créateurs de toute chose. On les nomma Liberté, Désir, Pouvoir, Volonté, Courage, Justice et Amour. Mais les Dragons étaient aussi puissants et redoutables. On les nommait alors Insouciance, Cécité, Oppression, Surdité, Témérité, Tyrannie et Faiblesse.
Les Dragons n'étaient pas les seuls à impressionner les Humains. Plusieurs autres créatures captivèrent leur imagination et de ces créatures, deux vinrent à être monter au même niveau que les Dragons.
La première était la Licorne. Déesse des Harmonies, la Licorne représentait l'Éternelle Jeunesse, l'Âge d'Or, le Bonheur parfait. Elle offrait aux Hommes la vision d'un monde magnifique mais qui était figé, sans imagination ni désir, sans vie.
La seconde se faisait appeller la Chimère ou la Horde. Elle était Unique et Multiple, Destructrice et Créatrice, Rêve et Cauchemar. C'était une substance sans forme, le rêve et l'horreur de toutes les possibilités, l'Infini et son Néant.
Mais la langue des Hommes porte mal le souvenir et leur mémoire oublie encore plus rapidement que leur courte vie. Le souvenir des Dragons se transforma. Leur forme indéfinie fut remplacée par de nouvelles ombres, de nouvelles couleurs, de nouveaux éléments. Comment la transition fut faites? On ne sait trop. Elle prit simplement des milliers d'années. Mais, malgré les éons, certaines ombres, certaines couleurs et certains éléments revenaient plus souvent que d'autres. Comme si la relation était inévitable. Comme si ces éléments contenaient la base de toute vérité. Comme si l'Esprit des Hommes arrivait à se souvenir de ce que l'Homme seul avait oublié.
La Licorne reçut le nom de Justice. Elle resplendissait et la lumière était son élément. Elle conservait toujours sa domination sur l'Ordre et apportait encore sous son sabot une terrible Tyrannie.
Dans l'Air frivole et insaisissable, la Chimère s'opposait à elle. Maîtresse du Chaos, du principe créateur, son vol grâcieux et puissant symbolisait autant la Liberté que l'Insouciance.
Auprès d'elle, deux acolytes se rassemblaient, proches et à la fois loin par leurs éléments. Le Phoenix, dont le Feu embrasait tant le plumage que les coeurs, n'avait d'égal à son Courage que sa Témérité. Plus bas, cachant sa force formidable sous un calme apparent, l'Hydre, tout comme l'Eau des mers et des rivières, laissait croître son Désir dans un obscur Aveuglement.
Face à ces monstres de passion, la Licorne s'enquérit de deux alliés. En effet, seule la solide Volonté Sourde d'un Golem, tout de Métal luisant, pouvait s'opposait au Feu de Rebellion du Phoenix. Quant à la force tranquille et dévastatrice de l'Hydre, seule une force comparable, l'Oppressif Pouvoir de domination d'un Dragon, aux pattes et au ventre bien ancrés dans la Terre, pouvait en venir à bout.
Le dernier Dragon semblait avoir disparu. Mais comme le Phoenix qui renaît de ces cendres, comme la belle qui adoucit le Dragon, sa Faiblesse n'est qu'apparence et temporaire. Redonnant un coeur à la froide Volonté, ouvrant les yeux à Celui qui ne voit plus, son armure n'est que la peau nue de la Chair. Donnant un sens à la Justice, et la Force de se sacrifier pour autrui, il fût appelé Amour avec un juste mérite. Et comme une cicatrice qui ne veut pas se fermer, comme le souvenir de la Séparation Première, l'Homme a choisit pour lui le corps de cette union ancienne: celui de l'Androgyne.
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par Caihui'n Taar e Parull, Grand Prêtre de l'Église Androgyne.