Mais où vous aurais-je déjà vue ?

Serait-ce au bord de l'eau, lorsque vous avanciez dans les vagues, me laissant admirer votre silhouette qui se profilait sur le soleil couchant ?

Serait-ce dans la forêt alors que vous passiez telle une sylphide derrière les arbres comme pour n'égarer, voyageur éperdu ?

Peut-être vous ai-je vue dans la rivière d'une vallée, reflet qu'un soleil de midi me laisse deviner dans les champs bleus du ciel ?

Ou dans le désert silencieux, mirage délicieux qui, pour assoiffé que j'étais, m'a redonné espoir ?

Ne vous aurais-je pas rêvée, miroir de mes désirs, dans un de ces rêves fous qui apportent tant de plaisirs ?

À moins que vous ne soyez le souvenir d'une autre vie, où vous étiez l'arbre dont les branches portaient mon nid ?

Voilà ! je me souviens ! Je vous ai vue ce soir, en entrant dans ce bar, impressionné au point de me demander : « Mais où vous aurais-je déjà vue ? »

13 septembre, 1992

© Fabien Niñoles 1992
Notes de l'auteur.