Mon cœur est un pommier où ne pousse qu'une seule pomme.
Si ton amour s'est envolé, ce n'est pas bien grave : il n'était qu'une fleur, le rêve d'une pomme
Et nous ne sommes qu'au printemps; d'autres bourgeons peuvent encore fleurir et se faner.
Un seul, peut-être, survivra jusqu'à l'été, devenant tour à tour pommette et pomme verte jusqu'aux premières gelées.
Elle rougira alors de sa jeune maturité, mûrissant sa chair tendre, douce à croquer.
Mais par une nuit encore plus froide, sur un tapis de feuilles mortes, lorsqu'elle tombera, blette, alors je pleurerai
Et j'aurai tout l'hiver, dans ma totale nudité, pour me demander sans réponse : "Pourquoi ne l'a-t-elle pas croquée?"…
24 juillet, 1996